Je me souviens, j'avais quinze ans.
Un client de mon père, le patron d'une petite entreprise de BTP, avait commencé le curage de l'étang d'un de ses clients. L'étang avait été vidé et un ouvrier raclait la vase du fond avec un bulldozer de manière à former une petite île au centre.
L'embrayage de l'engin lâcha là, au fond du trou. Il était impossible de sortir l'engin de sa gangue de vase nauséabonde pour l'emporter à l'atelier.
J'aidai durant deux jours un de mes frères à séparer la boîte de vitesses du moteur, et démonter l'embrayage. Le moteur et différents gros organes étaient calés sur des pièces de bois reposant sur le fond instable. Nous travaillions en bottes dans vingt centimètres de vase. Nous avons perdu quelques outils, c'était inévitable. Nous changions de bleus de travail chaque jour. Ma mère arrosait déjà copieusement les vêtements avec le tuyau d'arrosage du jardin avant de les mettre dans la machine à laver.
Les pièces neuves nous furent livrées une quinzaine de jours plus tard. Il nous fallut retourner travailler dans ces miasmes odoriférants durant trois jours pour remonter le tout et faire les premiers essais.
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Ad aperturam corporis
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