Un vaste territoire.
Le silence obsède les musiciens.
Non pas comme un ennemi, mais comme un défi en même temps qu’une énigme, voire, pour les plus audacieux, un matériau. Le plus exigeant des matériaux. Humoristes et comédiens savent combien aucun silence ne ressemble à une autre, que son timing, sa durée, et même son contenu font toute la différence.
D’ailleurs ce qu’on appelle silence est toujours impur, imparfait, seuls les sourds ne perçoivent aucun son. Même plongé dans un environnement silencieux, nous percevrons alors les bruits qui nous sont d’ordinaires peu perceptibles, notre respiration, le pouls qui bat nos tempes, le frottement de nos vêtements… Dans un de ses meilleurs titres Suzanne Vega chante “Blood makes noise”. Simon and Garfunkel attiraient notre attention sur tous les Sounds of silence. Le silence ne serait-il qu’une invention? Ou plutôt une approximation?
On peut l’aborder sous cet angle, mais le silence est polysémique à défaut d’être polyphonique. Encore n’allons-nous qu’effleurer la richesse du silence et sa profonde musicalité.