Il y a deux manières de voir le nouveau statut d'auto-entrepreneur.
1- Une première vision, négative, consiste à n'en envisager que les inconvénients : important afflux d'accédants au statut, non préparés et succitant la crainte de les voir mordre la poussière ?
C'est certain pour ceux qui continueront à vendre à prix grotesques des articles sans marge. (pour les pires exemples, ces ventes à 1 euro avec 5 euros de frais de port : 6 euros de Chiffre d'affaire, 0,72 euros de charges sociales (12% du CA). On oublie alors le prix d'achat, les frais ebay, internet et téléphone, l'emballage, etc., et bien sûr la rémunération du temps passé, car le vendeur a déja perdu de l'argent dès la première ligne).
La démonstration reste bien sûr valable pour des articles bien plus onéreux vendus à marges réduites.
Seuls les produits à très forte marge (coéficient 2 et plus sur le prix d'achat), à prix relativement élevés et à frais d'envoi raisonnables peuvent mériter l'intéret des auto-entrepreneurs.
De nombreux vendeurs amateurs "se planteront" et apprendront ainsi petit à petit le jeu des contraintes financières qui détermine le "prix juste", celui qui permet aux pros de vivoter du fruit de leur travail et leur semblait exhorbitant auparavant.
Cela sans aucun risque, puisque les charges réclamées ne le seront que sur les ventes immédiatement réalisées, (et pas deux ans après comme pour les autres régimes pros).
Les idiots ne sont pas stupides à vie, comme certains semblent le croire.
Je lis aussi plus haut que les montants cotisés n'ouvriraient pas de droit à la retraite. D'où cela vient-il ? Il me semble que les cotisations comprennent également une part consacrée à la retraite.
Et, au pire, si cela n'était pas le cas (ce qui reste à prouver), la plupart des postulants au statut de l'AE cotisant déja à d'autres régimes (salariés, fonctionnaires, chomeurs, etc...), seuls les purs commerçants y trouveraient matière à sourire, puisque leurs droits à la retraite dans le cadre légal des autres statuts est déja inférieur au minimum vieillesse s'ils font moins des 80000 euros de CA annuel de l'auto-entrepreneur (pour schématiser, soit).
Reste la question des transferts forcés du statut de salarié vers celui de l'AE, dans le domaine des services plus spécialement, qui semble recueillir l'ensemble des craintes.
ET POURQUOI PAS, dira le diable ?
La question est brûlante, dans un pays où les parents rêvent à 70 % de voir leurs enfants s'établir comme fonctionnaires et bâtissent plus ou moins les avenirs professionnels de leur progéniture dans ce but.
Quand un plombier ou un serrurier indépendant les ratissent de 80 euros à la moindre intervention de 15 mn avec 5,5% de TVA. Quel manque de vision !! (pour rappel, le tarif d'un médecin généraliste conventionné est de 22 euros pour la même durée et 10 ans d'études...)
Hé, les temps ont changé.
2- Une seconde approche, plus positive, préferera considérer les aspects bénéfiques du système, dont je ne ferai pas l'énumération, tant ceux-ci font déja l'objet de publicité et sont déja connus.
Je retiendrai surtout ici la formidable possibilité offerte pour les gros vendeurs au black ou gros collectionneurs de continuer à vendre et revendre sur internet et sur les brocantes sans la trouille (normalement) chevillée au ventre de la juste colère des pros payant charges et patente dont ils charcutaient sans vergigne l'activité légale jusqu'à présent.
Un bout de conclusion :
Après 45 années de vie, dont 27 dans la vie active (comprenant 6 années de fac et de jobs tordus finançant celles-ci), 10 années dans un grand groupe très bien payées, une démission pour manque d'air (vous avez vu leurs tronches ? ... oui, vous les avez vues...) et besoin de projet personnel, les 10 dernières années de ma vie sont les plus enrichissantes, souvent difficiles certes, mais surtout indépendantes.
Il me semble que toutes les voix qui crient "Au Loup" avant d'en voir la queue auraient tout intéret, en attente du Grand Soir, à se remettre au boulot...
Agent Mc Aroni