Laissez-moi vous conter l’histoire de la grange pyramidale de Vailly-sur-Sauldre…
Pour commencer, vous devez savoir que les historiens de l’art et les archéologues n’ont pas encore percé tous mes secrets. Pour certains, je serais la descendante de la hutte néolithique. Pour d’autres, il faudrait plutôt remonter aux grands courants d’invasion visigothe.
J’aurais été inventée au Moyen-Âge. Comme l’explique si bien Madeleine Jay, la présidente de l’office de tourisme de Vailly, passionnée par mon histoire, ma carcasse, a été entièrement démontée en 2000. Des analyses ont été réalisées à cette occasion. Deux poutres datent de 1450. À l’origine, j’étais installée à Thou. Ce déménagement était nécessaire pour me sauver de l’abandon, ou, pire encore, de la démolition.
Des constructions médiévales réalisées par les paysansEn effet, toutes ces granges ont été implantées dans la campagne. Certaines de mes cousines ont carrément été rayées de la carte. L’entretien des toitures coûte trop cher aux propriétaires. Prenez la mienne, elle est composée de pas moins de 35.000 tuiles.
Pourtant, malgré mes 12 mètres de haut, j’ai été érigée par des paysans. À l’époque, bien entendu, les toitures ne sont pas recouvertes de tuiles. Les agriculteurs y travaillent à plusieurs, y stockent leurs animaux, leurs charrues, aussi. Mais pourquoi donc ma toiture est-elle si imposante et en forme de pyramide, comme en Égypte?? Est-ce à cause des hivers trop rudes?? Nul ne peut le dire. Mais Madeleine et ses amis férus d’art et d’histoire, ont une petite théorie sur la question : « si le mur porteur est très bas et la charpente énorme, c’est peut-être parce qu’il y avait beaucoup d’arbres pour réaliser le toit mais très peu de pierres pour la maçonnerie. Il fallait donc aller la chercher et dépenser plus d’argent. Ce que ne pouvaient pas se permettre ces paysans, à l’origine de ces petits bijoux architecturaux.
Enfin, un circuit des granges pyramidales permet de découvrir, de près ou de loin, quelques-unes de mes cousines. Certaines sont jalousement gardées par leurs propriétaires. Toutes sont originales. L’office de tourisme a réalisé un plan du circuit.
Sans nul doute, mon histoire controversée, car très peu étudiée au demeurant, contribue à mon charme mais si un étudiant se penche sur mon arbre généalogique, je ne me vexerais pas, pour autant, car j’ai bien d’autres atouts?!
J’aimerais tout de même savoir pourquoi je suis principalement présente, ici, dans le Pays fort, même s’il existe quelques autres spécimens – bien que rares – dans la Bresse ou le Limousin. En attendant, je vous invite à me rendre visite, aux beaux jours.