Je me souviens de la vieille dame octogénaire qui m'avait honoré de sa confiance.
Elle était milliardaire, comme on dit, et payait chaque année quelques millions d'euros au titre de l'impôt sur la fortune.
Dans l'entrée de son appartement cossu, il y avait une vitrine en verre encastrée dans les lambris. Dans un coin, il y avait une cuvette en plastique rouge, à moitié remplis d'eau croupie.
Elle servait à maintenir un taux d'humidité suffisant pour que les ivoires présentées sur les tablettes soient maintenus en bon état de conservation.
Il y avait une chasse du treizième siècle en parfait état, qui n'avait jamais connue de restauration et ciselée avec une finesse incroyable. A côté, une croix en or rehaussée de grenats, d'émeraudes et de rubis était de même qualité et rivalisait avec un petit tryptique doré d'une qualité exceptionnelle.
En tout, une quinzaine de pièces de la même époque et de la même rareté, à faire rester béats tous les conservateurs responsables du département Moyen-Age des plus grands musées du monde.
Un jour de visite, je contemplais encore ces pièces exceptionnelles et ignorées du public. Pour une raison que j'ignore, la vieille dame me dit qu'elle allait me montrer autre chose..
Elle fit pivoter un panneau derrière lequel s'entassaient dans la pénombre une vingtaine de lingots d'or, pas plus protégés que le trésor artistique offert à la vue de ses rares visiteurs.
J'en suis resté sans voix.