Désormais, votre vie sera différente sur ce forum après lecture de ceci : que vous soyez de mon avis ou non ! Vous ne serez plus le même ebayeur devant votre écran à lire ces mots vides d'une substance essentielle: votre ego, ah l'ego! et de l'émission instantanée de votre "tout" à d'autres, ces autres, comme vous, perdus du forum; çela s'appelle partager ses émotions, ses hobbies, ses états d'âme, la dernière vente du week-end, la recette de l'annonce carton, la fameuse dépêche AFP, l'évaluation humoristique du dernier acheteur, votre dernier voyage en Grèce, son projet de départ au Canada, en Chine, son idéal politique, sectaire, messianique, ses relais publicitaires, son humour rose ou noir... Bref, tout ce qui concerne des vies où finalement il ne se passe plus rien, ou si peu.
Voyez, regardez, ouvrez les yeux, là, dessous votre bureau, ça dégouline de la purée narcissique, ah!ah!... Et tourne le manège, jusqu'à l'ivresse! Encore un tour, m'sieur!...
Le forum agit comme placebo aux misères, aux détresses de l'existence: enfin, vous existez dans l'illusion que vous donnez à autrui un masque.
Je n'ai jamais vu autant de gens qui se font des "bisous" sans se connaître ni d'Adam, ni d'Eve, que dans l'univers du web et notamment du post: "bisous", "biz", "re" et "re"... Bizarre. Ces bisous virtuels, en mode binaire, "bit" - ou "Gif" - accompagnés des pratiques smylets, mais pourraient-ils se manifester au réel ? Je doute.
Le PS part d'un bon sentiment. Maître de céans, il reçoit volontiers son hôte de passage, allant même jusqu'à le solliciter en surfant de post en post, lâchant une vanne. ici, une autre là, cherchant le contact... et le retour d'ascenseur, et l'échange de lien, tacite mais quasi obligatoire pour que perdure la bonne entente, la communication et la pléthore de soi sur l'espace communautaire.
"Lâchez vos post ! - sous-entendu: "Faites-moi exister, je vous en prie, moi qui ne suis qu'un ebayeur devant mon écran. " Pourquoi je communique par l'Internet? Bah, je sais pas... c'est moderne... et puis pourquoi pas, hein ?"
Ben vi, effectivement, pourquoi pas. Mais, mais... Qui grossit les rangs des ebayeurs assidus (toute la sainte journée ou la nuit) ? Eh bien, sachant qu'en principe la majorité des gens bossent en semaine, voilà le profil des assidus: Rmistes, chômeurs, handicapés, retraités, secrétaires, artistes en quête de, profs, collégiens, rentier solitaire...Toute catégorie citée qui a soit du temps devant soi, soit qui s'ennuie au boulot et cherche un dérivatif. En visitant les différents post, on s'aperçoit assez vite de la densité du contenu et donc du temps passé sur l'espace , car la maintenance d'un forum c'est un vrai boulot, dès le petit matin... surveiller les mess... répondre aux mess... déposer ses propres post sur les posts amis ou listés, voire surfer à la conquête d'autres avenues. Oui, tout cela prend beaucoup de temps et ce n'est ni compatible avec une vie professionnelle pleine, ni avec une vie privée installée durablement - enfin, installée quoi.
Alors, alors, l'univers du forum est avant tout dévolu semble t'il aux chercheurs d'occupation; leurs délires vaut à hauteur des 30 MO.
L'ebayeur participe d'une euphorie collective et d'une illusion. Ici ou là, on traite de sujets de société souvent graves, qui captent et retiennent l'attention, moissonnent des mots aimables, tout de compassion face à l'engagement; plus loin, on parle du Sida, de la faim dans le monde, du Gothique, du libertinage, de l'humour, de la connerie... A cet autre carrefour, l'exhibitionnisme d'aucuns dévoile un nom, un bout de sein - promesse d'un autre possible -, sinon le portrait de famille c'est l'insulte, la delation, le moi-je, etc. Partout, le slogan semble dire: "Ici, c'est pas comme ailleurs, c'est moi, ma vie, mon oeuvre."
Quant aux mots, rarement impertinents et sincères - sauf sur des espaces où le visiteur peut se lâcher - ils relèvent de la flatterie, de l'hypocrisie, voire de la connivence.
Je n'ai pas échappé, bien entendu, au rendu que je donne; j'ai choisi le parti des autres, et je ne me cache pas.
En tout état de cause, il y a une vraie frénésie du post, une course vers lui-même par le reflet d'autres interposés, la résultante étant la vérification systématique des "stats", des gens, des noms qui passent, des insultes, le pompon allant à l'affichage d'un compteur, l'anxiété virant alors à la " maniacocomptomanie".
Enfin, et c'est le pire, la délation existe, feutrée puis sournoise, elle se déguise, se faufile et frappe; des menbres disparaissent: victimes de jalousie, haine et de cette arme puissante: l'adoration de soi, alias narcisse qui n'hésite pas à user des coups bas pour mieux exister. Triste guerre à coup de possession d'abonnement par FAI interposé, sous le prétexte fallacieux du : "A mon poste, je me dois! J'EXISTE!!!"
Permettez que je sois sceptique quant à la fraternité des forums web, et de l'humanité en générale.
C'était juste un billet, comme ça, pour la minute à vivre.
Je devais vous le dire.
Que faire? Rien. Continuer la grande illusion.
Un singe sous des insignes d'or reste un singe...Même en hiver.